Centenaire de la Rouaudière (Histoire de la famille ROUAULT)
Joséphine ROUAULT
1981
La Rouaudière (1881 - 1981) a 100 ans.
Le premier corps de bâtiments commencé en 1880 fut achevé en 1881.
Mon Grand-père, ROUAULT Pierre,
originaire de Chateaubourg, Ill et Vilaine, en fut l'architecte et
l'ingénieur. Il avait épousé Joséphine
POUTIERE, née à Evron. Après leur mariage, ils
s'étaient établis à Savenay, Loire Atlantique. Lui
travaillait dans la construction comme charpentier et sa femme
était cuisinière. Ils eurent quatre enfants : Pierre,
Céphise, Emile et Joséphine. Quelques années avant
la guerre de 1870-71 vers 1865-66, ils quittèrent Savenay pour
suivre l'entrepreneur qui occupait mon grand-père comme
contre-maître. Cet entrepreneur s'en allait en Lorraine où
une ligne de chemin de fer était en travaux et il y construisait
des gares. C'est ainsi que mes grands-parents changèrent
plusieurs fois de résidence à mesure que la ligne
s'avançait. Les enfants allaient à l'école dans le
pays qu'il habitaient. Mon père nous citait plusieurs
localités : Bitsche, Fenètrange où il fit sa
première communion, Sarreguemines. Il avait alors 12 ans quand
la guerre éclata entre la France et l'Allemagne en 1870. La
France envahie, il fallait alors fuir devant l'ennemie. Ce fut l'exode
! Les gendarmes de Sarreguemines arrivaient au moment de midi criant
à la population : fuyez, fuyez ! Dans une heure les prussiens
vont être là ! Il fallut, disait mon père,
abandonner la soupe sur la table, récupérer un peu de
linge et des vêtements. Mon grand-père s'en fut sur le
chantier, il y trouva un vieux cheval et un chariot sur lequel on
étendit un matelas quelques couvertures, les bagages, quelques
provisions et en route car il fallait faire vite ! Ils emmenaient avec
eux une voisine et son bébé, la mari étant
mobilisé. Ils mirent quatre jours pour venir jusqu'à
Orléans. Là ils laissèrent leur passagère
qui, à la gare d'Orléans prenait le train pour rejoindre
sa famille dans le centre de la France. Comme elle n'avait pas
d'argent, la chef de gare prit son képi et fit la quête
parmi les voyageurs pour lui payer son voyage. Mes grands parents
abandonnèrent le chariot et prirent le train pour venir gagner
Evron. Ce n'était pas facile de trouver du travail et il fallait
pourtant gagner le pain et la nourriture pour toute la famille.
Personne ne faisait construire ! Restait le travail de la terre. Il y
avait à Bais une toute petite ferme "la Loirie" qui était
vacante, le fermier étant décédé. Ils
décidèrent de l'acheter et de venir l'exploiter.
Arrivés à Bais, ils ne furent pas tellement bien
accueillis par les gens du pays. Sachant qu'ils venaient de l'Est,
certains disaient : "Ce sont des prussiens". Les voisins les plus
charitables apprirent à mon grand père à tenir la
charrue et l'initièrent aux travaux de la culture. Ils avaient
simplement une jument et deux ou trois vaches. Ma grand-mère ne
put jamais arriver à les traire. C'était une voisine qui
venait le faire matin et soir. Arrivés à Bais au
printemps, il n'était plus temps de semer du blé et comme
le pain était très cher, ils résolurent de semer
du sarrasin. Ainsi avec la farine on ferait de la bouillie et des
galettes. Mon père en avait été tellement
rassasié étant jeune qu'il ne pouvait plus les voir et
surtout les digérer.
Comme ils étaient très mal logés à la
Loirie (Maison Roche actuellement transformée et agrandie), mon
Grand père décida de construire les bâtiments de la
Rouaudière. La maison comprenait une grande salle et deux
chambres avec au sous-sol une cave voûtée. A cotè
une étable, la grange, l'écurie et 3 autres petite
pièces. En face, la boulangerie. Après les
bâtiments une mare servant d'abreuvoir et un lavoir au bout
séparé par un mur, la fontaine où on allait puiser
l'eau, puis le jardin potager. Sur le bord de la route, 2 loges en bois
recouvertes de paille abritant le bois de chauffage et les outils. Dans
la cour, il y avait la machine à battre et les meules de paille.
Mon Grand père ne devait pas profiter longtemps de sa
construction car il souffrait depuis longtemps de la poitrine. Mon
père resta seul avec sa mère. Sa sœur
Céphise était entrée chez les religieuses
cloîtrée de l'hôtel Dieu de Laval et y mourut
quelques années après. Son frère Emile fut
tué en faisant son service militaire pendant la conquête
du Tonkin. Sa jeune sœur Joséphine mourut à
l'âge de 20 ans à la Rouaudière, atteinte de
tuberculose.
Mon père se maria
à l'âge de 36 ans avec Marie-Louise DUVAL qui habitait
à la Mottinière, commune d'Izé et qui avait 30
ans. Elle vivait avec son père et une tante qui l'avait
élevée car elle avait perdu sa mère 9 jours
après sa naissance.
Ils se mariaient en Février 1895, L'année de leur
mariage, mon père perdait sa mère et ma mère
perdait son père. Ils restaient donc seuls avec un domestique,
Constant JEUSSE qu'ils gardèrent pendant 25 ans.
De leur mariage devaient naître sept enfants. La première
naissance Joséphine (moi même) le 8 Mai 1896. Ensuite le
24 Octobre 1897 louis. Puis Pierre, Marie-Louise, Germaine, Georgette
(ces quatre derniers moururent en bas âge). Le dernier Emile
naissait le 1er Décembre 1910.
Notre père mourut à l'âge de 54 ans, le 12
février 1912 après une courte maladie, congestion
pulmonaire, 7 jours seulement !
J'étais alors pensionnaire à St Louis de Gonzague
à Mayenne. Je n'avais pas encore 16 ans. Il n'avait pas voulu
qu'on me dise qu'il était malade pour ne pas me tracasser. Mais
se voyant perdu, il me réclamait et ce fut Mr Clovis Janvier qui
en pleine nuit, à 3 h du matin venait me chercher en carriole.
Nous arrivions à la maison vers 6 heures. Vers 7 heures le
vicaire de la paroisse Mr L'abbé Quinton venait lui apporter la
communion et lui administrer l'extrême onction. Il avait encore
sa pleine connaissance mais ce ne fut pas long. Dans la matinée,
il délirait et à 13 h, il expirait. Je me souviens de ses
dernières recommandations "surtout n'abandonne pas ta
mère, elle aura trop grand besoin de toi". Il fallut abandonner
les études et rentrer à la ferme ce qui ne me convenait
guère ! Louis qui n'avait pas voulu faire des études
après son certificat et un an pensionnaire était
rentré à la maison. Il n'avait que 14 ans. C'était
dur pour lui de se mettre aux gros travaux de la ferme et d'en assumer
pour ainsi dire la charge. Emile n'avait que 14 mois. La situation
n'était pas brillante! Heureusement, nous eûmes l'appui de
Mr Clovis Janvier de la Chauvière, grand ami de mon père
qui venait à notre secours surtout pour le commerce. Puis vint
la guerre de 1914. Louis, étant de la classe 17, fur
appelé à la caserne en 1915 et à 18 ans il
était sur le front, dans l'artillerie lourde. Après la
guerre, en 1919, il revenait à la ferme. En 1922, il
épousait Georgette Janvier de la Chauvière. Ile eurent 6
enfants. L'aînée Michelle leur fut ravie à
l'âge de 4 ans. Odile mourut le lendemain de sa naissance
après son baptème. En 1928 naissait
Marie-Thérèse, en 1932 Pierre, en 1934 Michel et en 1941
Jeanne-Marie.
Mon second frère Emile épousa Hélène
RONDEAU de la louvetière en 1937. Ils s'établirent pour
commencer à le Mottinière, commune d'Izé où
naquit Marie-Céline en 1938. Ils vinrent ensuite remplacer leurs
parents RONDEAU à la louvetière. Ils ont eu 7 enfants
Marie-Céline, Emile, Marie-Luce, Jean-Pierre,
Marie-Hélène, Marie-Agnès et Dominique qui mourut
à l'âge de quelques mois.
Aujourd'hui, étant l'aînée de la famille, j'ai la
joie de la réunir autour d'une table après avoir
prié au cours de la messe célébrée par
notre cher pasteur, pour les vivants et défunts. Ainsi les
cousins et cousines vont pouvoir renouer connaissance. Je suis heureuse
d'être un lien entre tous : neveux et nièces, petits
neveux et petites nièces qui me font aussi souvent qu'ils
peuvent une invitation au une visite, si bien que pour beaucoup de gens
la tant Jo est une tante gâtée... et je suis totalement de
leur avis. Je ne saurais énumérer les marques d'affection
et de délicatesse de leur part.
Revenons à la Rouaudière. C'est mon père qui en
1905-1906 fit construire le hangar avec un sous-sol en caves
voûtées. A côté il transformait un terrain
inculte en jardin entouré de murs. Louis fit agrandir
l'étable et par des achats de plusieurs pièces de terre
réussit à agrandir un peu l'exploitation.
Depuis Michel a continué les transformations en agrandissant et
modernisant la maison d'habitation et les bâtiments de service :
stabulation libre, salle de traite, service d'eau etc... Un
véritable architecte ! Ceux qui n'ont pas bu ma
Rouaudière depuis 10 ans ne la reconnaissent plus. Aussi nous
sommes invités aprés ce repas à nous y rendre pour
y visiter les lieux et aussi pour y déguster le verre de
l'amitié : le champagne !
Mais avant de partir, je veux saluer la 5eme génération
qui est prometteuse d'avenir et qui a sa place dans mon coeur.
à cossé le vivien Claire-Marie et Jean ROUAULT
à la Rouaudière Dominique, Jean-paul, Philippe, Christophe et Nicolas ROUAULT
à Angers Christophe, Pascal et Gildas PELHATE
à St Denis du maine Véronique, Dominique, Olivier TRETON
à Hambers Etienne, Isabelle, Damien et Nathalie ROUAULT
à Fougères Emmanuel et Hélène ROUAULT
à Nanterre Jean-françois TARTROU
en Suisse Martino Toscanelli
Joséphine
ROUAULT