Introduction
En constituant l'arbre généalogique de ma famille, je suis parti à la recherche des sources plus ou moins lointaines de son identité, à la reconnaissance des ancêtres, à travers les quelques documents qu'ils ont laissés derrière eux.

Les documents sont souvent réduits à quelques bribes d'informations sur une vie : un lieu de naissance, un mariage, un métier... Il faut alors faire preuve de persévérance et d'imagination pour comprendre le passé : pourquoi a t'il quitté son village de naissance ?  Pourquoi a t'il abandonné le métier de maçon pour celui de cultivateur ?

Bientôt toutes ces questions s'accumulent et augmentent avec le nombre des ancêtres. Plus on remonte dans le temps et plus le nombre d'ancêtres augmente, en même temps que les documents se raréfient.

Très vite, l'identité de la famille se confond avec celle d'un groupe social, d'une région, voire d'une religion... à laquelle elle appartient. La recherche prend alors une toute autre nature et ne peut avoir de sens que si elle s'élargit elle même pour englober la population qu'elle représente.

Fils d'agriculteur, je suis d'un milieu de "paysans" établi sur le canton de BAIS, au Nord Mayenne. Les ramifications de la famille couvrent essentiellement le Nord/Ouest de la Mayenne, mais aussi un peu la Sarthe, cette région que l'on appelle le Bas Maine, en opposition au haut Maine centré sur Le Mans.

La recherche de l'identité de ma famille, après une description généalogique qui remonte difficilement avant le révolution française, se centre donc sur l'histoire d'une famille de paysan du Bas Maine à travers les âges, objet du présent document.

Bibliographie
De nombreux textes sont "empruntés" à des personnes plus savantes que moi, que je remercie et sans qui ce document n'aurait jamais pu voir le jour.

La lointaine préhistoire (-400 000/-6 000)

Le premier peuplement attesté dans la région a été révélé par la découverte de plus 300 haches prés du Montaigu, et dont la datation a été approximativement de -400 000 ans. Débité dans un quartzite local, on a pu en retrouver dans les landes de Chellé (Hambers) et d'Eugéneville. On en a trouvé également en silex alors qu'on ne connaît pas de gisement de silex en Mayenne.

Les premiers hommes étaient des chasseurs-prédateurs qui utilisaient des instruments en pierre non polie : bifaces, pointes, racloirs, denticulés pour chasser.

Vers 50 000 av J.C, le climat devient particulièrement rigoureux. L'auroch, le renne, le grand cerf, l'hyène, l'ours des cavernes, le bison, le rhinocéros laineux et l'impressionnant mammouth vivent dans le Maine : des ossements de tous ces animaux ont été retrouvés dans la grotte de Rey à Saint-Georges-sur-Erve, la grotte de Louverné ou celle de Voutré. Ils ont également été dessinés : on reconnaît ainsi un mammouth et un bison dans les grottes de Saulges à Thorigné.

Les premiers hommes pratiquent également la cueillette (chataigne, gland...), comme l'atteste des scènes peintes et des bois de renne sculptés, retrouvés dans le Creuse de Fontgombault (Creuse). 

Peintures de la grotte Mayenne-Science

Pour s'abriter, les calcaires des grottes préhistoriques offraient aux tribus paléolithiques un refuge sûr, comme à Saulges où un ensemble de grottes (cave à Margot, cave de Rochefort) ont été retrouvées sur les deux rives de l'Erve.

Bergers et Laboureurs -8 000/-800

A partir de 6000 av J.C., favorisé par l'adoucissement du climat et poussé par l'augmentation de la population, c'est la domestication des animaux et la sédentarisation qui va permettre la conversion des chasseurs en bergers. Utilisant le chien domestiqué comme compagnons de chasse (-6000), les premiers hommes découvrent ses qualités de gardien de troupeau et pratiquent bientôt l'élevage de moutons (-6000) puis de bœufs, chèvres et porcs (-5000).

Les premiers laboureurs qui utilisent des bois de cerf durci au feu pour remuer la terre, découvrent la houe (-3000), renforcée d'un silex et avec laquelle le travail devient moins superficiel. Ces progrès furent renforcés par l'arrivée de l'araire : importé de civilisation très en avance sur la notre (Egypte et Mésopotamie à l'origine de la roue et du blé), elle apporta beaucoup à l'agriculture en permettant de creuser la terre au lieu de la gratter seulement. Elle fut complétée par la domestication du cheval (-1200), fort utile pour tracter et non seulement comme bête de viande.

Tous les outils sont d'abord en bois puis en pierre polie et enfin en bronze vers 1700 av JC. L'introduction du bronze a laissé très peu de trace : quelques haches à Hardanges, Jublains. Les hommes quittent alors les cavernes pour des huttes et des cité lacustres.

Allée couverte de Vautorte
Entre 5 000 et 2 000 ans, des dolmens et des menhirs sont dressés à l'orée des bois, dans un but religieux ou funéraire, sous les directives des druides. 
Dolmen des Erves
Dolmen des Erves - Sainte Suzanne
Des vestiges témoignent de cette présence dans la vallée de la Vaudelle, un des sites les plus anciens des centres de peuplement du Bas Maine : les menhirs d' lzé (le Tellier et le Gué-Péan), le dolmen de la thébauderie de Saint Thomas de Courceriers, les sépultures de Sainte-Jemmes-le-robert, Saint-thomas-de-courcerier ou de Saint-pierre-sur-orthe.
Pour plus de détail  suivre le lien

De nombreux objets en céramiques ont également été trouvés, en particulier dans les tombes : perles et pendeloques, tesson de poteries...

 
Les celtes à l'origine de nos provinces (-800/-50)

En l'an 800 avant J.C., une population CELTE basée en Europe centrale à Hallstatt en Autriche avance par le Danube, le Rhin, la Moselle à travers une piste que l'on peut identifier par ses fosses circulaires. Ils arrivent en conquérant et sont porteur d'une nouvelle technologie la métallurgie du fer (inventée par les hittites en l'an -1500). La possession d'armes en fer constitua vraisemblablement un argument convaincant pour favoriser leur installation dans le Bas Maine.

Une deuxième vague, en l'an -600 venant de La Tène (Suisse), les Galli, marque l'installation définitive des celtes et a laissé de nombreux noms à nos forêts et nos cours d'eau.

Cette appropriation du sol gaulois par une population CELTE de plus en plus croissante fait dire à TITE-LIVE, dans son histoire romaine que "la gaule fut si féconde en récolte et en hommes qu'il parut difficile de gouverner la foule débordante de ses habitants". Les romains affirment également la ressemblance des celtes avec les germains qu'ils qualifient de "véritables celtes" : germanus en latin !


Une colonie de CELTES, partit en conquérant en Italie où ils fondèrent Mantoue et Côme (-600); puis ils gagnèrent la Bohème, l'Illyrie, la Macédoine et enfin l'Asie mineure où ils établirent des colonies. Ils ravagent Rome (-390) avant de se rallier aux romains, en 218, dans son combat contre Hannibal.

D'autres déposent les armes et s'adonnent à l'agriculture.  Dans le Maine, de grands chantiers de défrichement voient le jour permettant l'accroissement des terres cultivables. L'agriculture s'améliore avec l'usage de la faux, des amendements et de la moissonneuse (char à deux roues qui porte sur son coté une lame aiguisée), ce qui ne laisse pas Rome indifférent qui exploitera les qualités de cette région en exigeant toujours plus de rendements (il est vrai très faible 1 grain 1/2 récolté pour 1 grain semé).


César, dans la guerre des gaules décrit le peuple AULERQUES comme un "peuple maritime qui habite les rivages de l'océan", ce qui laisse supposer que le territoire s'étend jusqu'au Mont St Michel. Les peuples d'Armorique partagent la même culture comme en témoignent le style des céramiques, le mode d'aménagements du territoire, la monnaie d'or...

carte        Les colonies CELTES qui s'installent dans le Maine sont des DIABLINTHES du groupe des AULERQUES. Ils rentrent dans un ensemble couvrant l'Armorique.


La Paix Gallo-Romaine (-50/250)

Lors de la conquête des Gaules par Jules César, les Cénomans envoyèrent des troupes à VERCINGÉTORIX en 58/59. Le guerrier Aulergue COMULOGENE lutta à ses cotés, à ALESIA, en 52, avant de se soumettre aux vainqueurs.

En 51, César soumets les derniers irréductibles et la paix Gallo-Romaine s'installe pour plus de 200 ans. Elle sera marquée par le développement de l'urbanisation (fondation de Jublains), des voix de communication et de l'artisanat. En s'établissant dans le Bas Maine, les romains introduisent dans le pays leurs mœurs, leurs habitudes et jusqu'à leur langue.

Des éperons fortifiés pour les agriculteurs et les artisans du métal appelés Oppidas sont construits (à Moulay et Entrammes pour protéger le gué sur la Mayenne...etc) et un premier réseau de communication : le chemin de bœuf (Chartres/Angers), le chemin gaulois (Tours/Vieux en Normandie) et un chemin vers l'ouest avec une bifurcation vers Rennes et une autre vers Jublains (Noviodunum), capitale du clan des Aulergues Diablinthes.

thermes
Les thermes
Jublains et Le Mans : les villes autour desquelles les Romains organisent la vie de la cité. Autour de ces villes, sont créés les exploitations agricoles ou "villas". Jublain
La forteresse

Les romains transforment les tribus gauloises, très rurales, en cité organisée autour d'une ville : Le Mans pour les Cénomans, Angers pour les Andécaves et Jublains pour les Diablinthes (recensée par Ptolémée an II ap JC). Devenue cité romaine, carrefour stratégique d'où rayonnent huit grandes voies, Jublains est alors une ville importante avec ses thermes, son théâtre, son temple et son forum. Jublains devient un lieu d'étape entre l'Armorique, la Manche et le reste de l'empire.

De grandes exploitations agricoles, les Villas, s'installent le long des axes de communication. Un de ces domaines ruraux est donné en 642 à l'abbaye d'Évron la villa Baidiscum (le domaine des gens de Bais), qui donnera naissance à l'actuel chef-lieu de canton de Bais.

Les villas sont gérées par des "colons" attachés à la glèbe (la propriété terrienne) et produisent des céréales, des troupeaux, du vin et des fruits. Ils apportent avec eux les cerises, pêches, poires mais aussi les fèves et les choux.

L'organisation sociale s'articule autour de riches propriétaires de villae - romains ou nobles gaulois-, de petits paysans libres et propriétaire et d'une multitude d'esclaves ou de demi-affranchis. Organisation sociale imposée par l'ordre romain qui volera en éclat avec les invasions barbares, l'émergence d'une nouvelle religion et la déliquescence de l'empire romain.

Soumis aux taxes de l'état romain, des propriétaires ou aux armées en vadrouille, le petit paysan doit sa survie à sa soumission et son travail.

  
Les Invasions barbares et l'arrivée des francs (250/300)

A partir de 235, l'Empire s'enfonce progressivement dans une crise militaire (invasions), politique, économique, sociale et morale. Pour assurer sa défense, la Gaule fait même sécession de 260 à 274. Les "barbares", Vandales et Alains essentiellement, traversent le Maine en une effroyable tempête, ravageant sans pitié toutes les cités.

Dés le IVe, les Francs, à leur tour, envahissent le Maine puis y installent une aristocratie qui se substitue à l'aristocratie romaine. Le roi franc REGNOMER prend le titre de roi des Manceaux et règne sur la Mayenne et la Sarthe.

En Mayenne
Partout l'on enfouit des trésors monétaires. A Jublains, celui de la Cruchère est enterré en 268, celui de la Tonnelle vers 276, une bourse de petites monnaies est glissée sous une pierre de la forteresse.


Les bains du Rubricaire
La forteresse du rubricaire de St Gemme-le-Robert témoigne de la résistance des romains à la chute. A 10 km de Jublains, la forteresse du Rubricaire s'élève sur le versant du mont Rochard et bénéficie d'un large panorama ouvert sur le bassin de Laval. Elle dessine un quadrilatère d'une quarantaine de mètres de côté, comportant sans doute une tour carrée à chaque angle.

A l'intérieur, un second quadrilatère délimite des casernements appuyés contre la muraille. Il s'agit vraisemblablement d'un ouvrage militaire de la fin du IIIe ou du IVe siècle, du type que l'on appelle quadriburgium. Deux côtés du rempart sont recouverts par un important talus, dans lequel on peut voir une remise en état de défense à l'époque médiévale.

Le relais routier de Jublains, à l'écart des routes servant à ravitailler les troupes massées aux frontières de la Germanie, perd son intérêt. A l'abandon de la forteresse, répond le déclin durable dans lequel s'enfonce la ville. Vers la fin du IVe ou au début du Ve siècle, la cité des Diablintes elle même disparaît, fusionnée à celle des Cénomans de la Sarthe.

Dans les campagnes
Les paysans doivent à maintes reprises s'enfuir dans les bois, abandonnant leur terre et leur village. Les friches et les landes gagnent sur les champs et les près. Des villas disparaissent à tout jamais.

L'organisation sociale sophistiquées et les voix de communications implantées par le romains ne survivent pas à leur départ. La capitale "Jublains" disparaît également, reportant l'installation définitive d'une ville dans le Bas Maine à la fin du Millénaire.

  
L'avènement du Christianisme (300/800)

Peu après ces ravages, le christianisme fait son apparition. En 312, l'empereur CONSTANTIN proclame sa foi. En 392, l'empereur THEODORE établit le christianisme en religion d'état.

Les temps mérovingiens et les comtés
En 481, les Francs élisent un très jeune roi, CLOVIS qui va unifier toute la Gaule sauf l'Armorique et qui met fin à la royauté du Mans en faisant assassiner REGNOMER, dernier roi du Mans. Le Maine sera désormais sous l'autorité des francs, et placé entre les mains de comtes garantissant la paix de façon à peu prés indépendante.

La conversion de CLOVIS au christianisme conforte l'église dans son rôle d'évangélisation. La lutte contre le paganisme est accentuée dans ce monde éloigné des grands centres urbains où la christianisation progresse lentement.

Dans les diocèses s'installent, au cours du VIe et VIIe siècles, les comtés avec leurs administrations civils et leur chef militaire. Le comté du Maine est ainsi créé. Comte et évêque, représentants du pouvoir impérial et du pouvoir ecclésiastique, maintiennent pendant le moyen âge, dans le cadre de leur province, l'autorité souvent défaillante du gouvernement central.

La paix Carolingienne
Suite à la mythique bataille de Poitiers (732), Charles Martel et pépin le Bref se forgent une réputation de défenseur de la chrétienté et installent les Carolingiens à la royauté.

En 768, CHARLEMAGNE réorganise l'administration des provinces en 191 comtés et fixe la répartition du pouvoir entre le comte et l'évêque : au comte la défense, le ravitaillement et l'ordre public, à l'évêque la justice, l'approvisionnement et les voiries.

La paix ROI-EVEQUE s'installe jusqu'au règne de CHILDERIC III et les invasions des normands. Les clercs dans les villes (Le Mans) commencent à se livrer à de savantes études.

Création de la cathédrale du Mans par St Julien
La conversion du Maine est l'œuvre de St Julien, 1er évêque du Mans (301/348) qui procéde à des miracles : il fiche son bâton pastoral en terre et en fait jaillir de l'eau, il rend la vue à des aveugles et répand la bonne parole parmi la population urbaine...

Cette conversion va établir LE MANS comme nouveau centre politique, économique et spirituel du Bas Maine, consacrant ainsi le déclin de ce qui fut l'antique cité des Diablinthe. Des diocèses s'organisent dans les limites des cités gallo-romaines, maintenu à peu prés dans leur limite jusqu'à l'époque actuelle. A travers elles, nous retrouvons les divisions territoriales de la Gaule romaine, elle même héritière de la gaule celte.

La conversion gagne plus tardivement les campagnes où l'on continue néanmoins de vénérer les sources, les chênes et les mégalithes. Les domaines des villas servent maintes fois de cadre aux paroisses créées au cours du V et VI et qui se perpétuent dans nos communes actuelles.

Création de l'abbaye d'Evron
A la fin de l'Antiquité, la Mayenne apparaît comme une région peu peuplée et isolée.  L'abbaye d'Evron fût construite au VIIe siècle par l'évêque du Mans, Saint Hadouin, suite au miracle de la Sainte-Epine : la légende dit qu'un pèlerin fatigué posa sa besace près d'une source au pied d'un aubépin qui grandit tellement dans la nuit qu'il ne pouvait plus l'atteindre, les gens d'Aurion ne pouvaient l'abattre... Hadouin, l'évêque du Mans, était en visite et se mit à prier, la branche s'inclina et la besace vint se placer dans ses mains. Hadouin fit bâtir en ce lieu une abbaye et un sanctuaire dédié à Notre Dame de l'Epine.

Les reliques de Marie transportées par un pèlerin ont été retenue en ce lieu.
Il reste peu de trace archéologique du haut Moyen Age en dehors de ces sarcophages de pierre où était placés les morts. 

Les cerceuils en calcaire coquillier renferment des bijoux, plaques de ceinturons, agrafes. La riche tombe d'Argentré permet d'entrevoir une aristocratie foncière à travers un mobilier funéraire où se mêlent traditions romaines et apports germaniques. L'abbaye, quand à elle, a été entièrement détruite au cours d'invasion bretonnes et scandinaves, puis reconstruite à partir de 980.

Crypte de l'abbaye d'Evron

Dés le VIIe, la vie s'organise autour de l'abbaye d' Evron à partir de laquelle se développe la christianisation.

Avec la disparition de Jublains, il ne subsiste aucune ville mais la vie rurale connaît un nouvel élan. La paix est favorable aux fondations monastiques : de nombreuses églises ou d'ermitages sont créés.

L'abbaye d'Evron prospère et de nombreux ermites comme saint Céneré, saint Fraimbault, saint Thuribe...etc s'installent dans la région. Un ermitage est fondé en 850 à Mayenne par Saint-Aldric, évêque du Mans. Les voies romaines ne sont plus utilisées : elles ont été remplacées par des voies de communications centrées sur l'abbaye d'Evron.

A Jublains comme à Entrammes, les thermes publics, à l'abandon, sont transformés en églises.

ci-contre les thermes d'Entrammes.
Thermes gallo-romains

Dans les campagnes

L'abondance des landes favorise le développement des ermitages et l'installation de nouveaux monastères contribuant à l'évangélisation et la mise en valeur du territoire.

Les villas deviennent désormais propriétés de l'église et les monastères prennent désormais une place importante dans leur administration. Auprès de chaque fondation monastique se groupe une paysannerie en quête de terre à cultiver. Sous la direction des abbés, les serfs (personne attachée à une terre, la glèbe, et propriété du seigneur au même titre que cette terre) et les vilains (paysan qui louent la terre) défrichèrent de nouvelles paroisses dans les forêts du Maine.

L'ordre social hérité des romains n'a pas subit de changement fondamental. L'enrichissement des monastères est certain, comme en témoigne le testament de Saint Hadouin qui décrit les richesses d'une des villas de son domaine : maisons, édifices, terres, forêts, esclaves (serfs) et pâturages au détriment d'une paysannerie inféodée au monastère et pauvre.

Cependant les villas n'accaparent pas toute la vie rurale : un peu partout, il reste des villages de paysans libres et propriétaires, qui restent néanmoins tributaires des villas pour leur protection.

On ne note pas d'évolution significative dans la façon de travailler la terre et les rendements restent médiocres, atteignant difficilement deux pour un. Cependant, encouragés par un moine Irlandais Colomban (543-615), les moines imposent un système d'agriculture organisée : défrichement des landes, gestion du sol (jachère), relevé des rendements qui permet de faire reculer le spectre de la famine. Celle-ci est d'autant plus vive que la période est difficile : période de rigueur climatique (grands froids jusqu'en XIIIe), épidémies de peste en 543 et de lèpre qui sévissaient en permanence et brigandage.


Pacification des Bretons
Le territoire à l'ouest de la Mayenne, frontière avec la Bretagne, est appelé "Marche de Bretagne". Pour repousser les pillards bretons, des garnisons y sont disposées. Une des permière fut, parait-il, confiée à Roland. Aprés lui, Guy, premier comte de Laval, fut son successeur.

En 636, le breton Judicaël, vainceur sur Dagobert, fera une incursion jusqu'à Vaiges et Saint-Pierre-sur-erves, faisant un grand carnage.

Louis le débonnaire, puis Charles le chauve allèrent chatier les bretons et obtinrent l'abdiction de leur roi Salomon en 862, à Entrammes, en lui concédant les "terres d'entre deux eaux", c'est à dire une partie des marches de Bretagne (la Mayenne en fait partie). En 867, la Bretagne atteint son extension géographique maximale.

Invasions normandes et naissance de la Noblesse (800/1000)

Les invasions
Les invasions reprirent du IXe au XIe siècle avec les normands (vikings) remontant la Loire et ses affluents sur leurs barques légères. Les villes et les monastères sont détruits. Seul le monastère d'Evron, détruit en 853, se relèvera de ses ruines. Le chateau de Laval est pillé (834) puis détruit (865) de fond en comble. La nouvelle ville de Jublains est définitivement détruite et ne se relèvera jamais. Les paysans apeurés abandonnent de nouveau leurs terres et leurs villages.

Les populations se réfugient derrière les étroits remparts du IIIe siècle. Associant talus, ouvrage de pierres et palissades, les premiers retranchements sont rudimentaires.

En 912, le roi de France abandonne la Normandie aux Normands mais ceux-ci veulent également le Maine qu'ils vont s'efforcer de conquérir pendant quarante ans. Ils s'emparent d'Ambrière où ils font construire un chateau en 1055, puis de Mayenne en 1064 et l'ensemble du département. A l'occasion de la conquête de l'Angleterre par les normands, le duc de Bretagne, Conan II se révolte et s'empare de Chateau Gontier. Guillaume le fait empoisonner et repart à la conquête de la Mayenne.

Le château fort de Sainte-Suzanne, solidement assis sur un éperon rocheux, est le seul bastion qui résiste aux assauts de Guillaume le conquérant qui fit pourtant un siège de trois ans de 1083 à 1087.

Les châteaux forts

De nouveaux systèmes de défense deviennent nécessaires : les comtes et les évêques décident de la construction des châteaux forts et des forteresses destinées à défendre leurs artisans et leurs marchands. De guerre féodale en lutte pour le pouvoir, naissent ainsi des édifices plus ou moins puissants.

Arcades carolingiennes du château de Mayenne
A Mayenne, le modeste châtelet de bois des origines fut remplacé par un fort carolingien qui prit une grande valeur stratégique. 

Au début du XI ème siècle, Foulques Nerra, compte d'Anjou et suzerain du lieu, inféodait la baronnie déjà importante de Mayenne à Hamon de Mayenne, tige de la famille des Juhel, premiers seigneurs de Mayenne. C'était alors une place si forte que Guillaume le Conquérant, lui-même ne pu s'en saisir en 1063 qu'à la faveur d'une ruse "de Normand". Les travaux d'agrandissement de la forteresse furent poursuivis par les Juhels jusqu'au début du XIII ème siècle, et essentiellement par Juhel II, baron de 1124 à 1161, père de 6 fils, qui donna à la ville de Mayenne ses armes figuratives : "six écus a, mais pas un sol".

Mayenne
Mayenne
Sainte Suzanne
Sainte Suzanne
Lassay
Lassay

A Laval, autour d’une motte, puis d’un grand donjon, s’ordonne un bourg prospère cerné de murailles qui, par son nom même, traduit l’emprise des seigneurs sur le site (Vallis Guidonis, puis Laval). Une forteresse viendra compléter cet ensemble défensif. Une autre forteresse est construite à Montjean.

Les rivalités féodales qui opposent le compte du Maine, la maison d'Anjou et le duc de Normandie, et les guerres privées incessantes vont marquer la fin du XIe siècle.

Naissance de la Noblesse
Des bénéfices militaires avaient été établis par les Francs sous forme de récompense viagère que les rois accordaient aux talents et aux services de leurs officiers.
L'hérédité des places et des gouvernements qui commençe au milieu du IXè siècle, sous Charles-le-Chauve, opère dans la monarchie un changement qui éteint peu à peu l'ancien gouvernement politique. Les ducs, les comtes, les officiers d'un ordre inférieur, profitent de l'affaiblissement de l'autorité royale, rendent héréditaires dans leurs familles, des titres dont, jusque-là, ils n'avaient joui que temporairement.

Ils usurpent également et les terres et la justice, en s'érigeant eux-mêmes en seigneurs, propriétaires des lieux dont ils n'étaient que les magistrats militaires et civils.

Ce nouveau genre d'autorité dans l'État, ces nouvelles seigneuries usurpées, donnent naissance à la noblesse. La France se trouve divisée en une infinité de petites seigneuries. II n'y a plus de lois communes à la nation chaque seigneur en fait de nouvelles dans son donjon.

Chaque seigneur est roi dans ses domaines et ne reconnait d'autre autorité que la sienne. Bientôt les rois n'ont plus d'autorité, ni sur les comtes qui obtiennent l'hérédité des fiefs, ni sur les évêques qui deviennent souverains chez eux comme les seigneurs.

Il s'en suit un morcellement des anciennes cités gallo-romaines en seigneuries, en vicomtés et en châtellenies. Les Seigneurs, Vicomtes et Châtelains se distinguent par leur importance et les différents degrés de noblesse de leurs titres. Jusqu'à la révolution française de 1789, le canton de BAIS suivra les vicissitudes de l'abbaye d'Évron ou de la Chatellenerie d'Orthe (à St Pierre sur Orthe).

Dans les campagnes
Les serfs et les roturiers ont beaucoup à souffrir des guerres privées que se font les seigneurs, et des lourdes redevances seigneuriales de toute nature auxquelles ils sont soumis.

 
Renaissance féodale (1000/1350)

Croisades
Les paysans et les citadins se ressaisissent et l'on assiste à une renaissance féodale : les hauts et puissants seigneurs ramènent une paix relative dans les campagnes et dans les villes. Se heurtant de plus en plus à de solides forteresses, les vikings cessent de piller et rançonner.

L'église s'efforce de réduire les guerres entre petits nobles en proclamant la "paix de Dieu" au cours d'un célèbre concile, à Charroux, près de Civray, en 989 et en les entraînant, plus tard, dans les croisades (URBAIN II en 1096). Quelques seigneurs de la Mayenne prirent la croix pour aller délivrer Jérusalem.

C'est à cette époque que les templiers et les hospitaliers créent les établissements de soins : maison-dieu, maladrerie, ladrereie, léproserie destinées à receuillir les victimes atteint de cette maladie rapportée de l'orient (la Commanderie de Thévalles et le Breil-aux-francs prés de Laval).

Au grès des alliances, conquêtes et reconquêtes, le Maine est rattaché à l'Anjou en 1126 puis au domaine de France en 1203. C'est une époque où les trouvères au Nord, comme les troubadours au Sud, rivalisent de talent dans les cours des comtes et des rois.

En 1246, CHARLES ler, comte de Provence reçoit la jouissance du Maine en apanage des mains de Louis IX. C'est vers cette époque que l'on voit s'établir dans le Maine, l'industrie des toiles qui devra plus tard l'enrichir.

Développement des Abbayes
Les abbayes qui étaient le plus souvent de grands domaines, se multiplient et s'enrichissent. L'Abbaye cistercienne de la Roë (Chateau-Gontier) est fondée en 1096 par Robert d'Arbrissel, l'Abbaye de Bellebranche (Sud-Est de Laval) en 1150, l'Abbaye de Clermont (à Olivet au Nord-Ouest de Laval) en 1152 par Saint Bernard et l'abbaye de Fontaine Daniel (prés de Mayenne) en 1204. La vie et l'habitat se sont développés autour de ces abbayes, autour desquelles des défrichements successifs ont permis de fixer la population et de créer des paroisses, qui existent encore aujourd'hui.

A Evron, au XIIe siècle, les bénédictins élèvent la chapelle Notre-Dame-de-l'Epine. Aux XIIIe et XIVe siècles, l'église d'Evron prend de l'ampleur : le chœur, les chapelles de l'abside, le transept et la nef gothique sont construits par les religieux.
Evron
Notre dame de l'épine à Evron
Abbaye Clermont
Abbaye de Clermont à Olivet
Abbaye Roe
Abbaye de la Roe à Chateau-Gontier
Fontaine Daniel
Abbaye de Fontaine Daniel

Des écoles épiscopales sont créées. Maîtres d'œuvre et tailleurs de pierre édifient les plus belles églises de tous les temps : c'est le renouveau de l'art roman.

Les "églises granges" se trouvent agrémentées de fresques. De nombreux édifices religieux s'ornent de peintures murales dont les plus remarquables dans le chœur de st jean baptiste à Château-Gontier.

Eglise de Neau
Un rare cycle consacré à saint Vigor, évêque de Bayeux, accompagne le Christ présidant à la résurrection des morts. Le décor a été réalisé peu après le milieu du XIIIe siècle.

Si aucun texte ne parle du commanditaire, nous disposons par contre de son "portrait" : Geoffroy de Bais s’est fait représenté, et nommé, dans l’homme ressuscitant sous la protection de la Vierge.

Entourées de remparts, les villes défient les pillards et les soldats en rupture de bans. Elles obtiennent du pouvoir central la garantie de leurs coutumes et de leurs privilèges. Elles se peuplent d'artisans : charpentiers, bouchers, tanneurs, tonneliers qui ont laissés leurs noms à de vieilles rues. Le commerce par bateau est plus développé que le transport sur des routes restées médiocres. Les villes essaiment dans les faubourgs.

Développement des châteaux forts et forteresses
A Laval, alliés successivement aux familles nobles de Normandie, de Bretagne et d’Anjou, les seigneurs de Laval contrôlent, dès le XIe siècle, les hauteurs de la rive droite et la traversée à gué de la Mayenne. Dés 1020, Guy 1er de Laval est chargé, par les comtes du Maine et d'Anjou, d'établir une forteresse pour contrôler le gué sur la rivière. Agrandi, élargi, il se dote à la fin du XIIe siècle de son donjon qui domine fièrement la vallée de la Mayenne.
Au XIIIe siècle, un pont de pierre est bâti pour franchir la Mayenne. Il restera, jusqu'à la Révolution, la voie de passage obligée entre Rennes et Le Mans.

A Bais, blotti au pied du Montaigu, le château de Montesson est construit au XIVe. L'édifice fut fortifié à la fin du XVIe siècle et doté d'un remarquable pavillon d'entrée avec une tour en forme de bulbe, couverte d'ardoise et d'inspiration polonaise.

Une floraison de château forts et forteresses voient le jour :
- Au XIIIe siècle : le château de Clivoy à Chailland, la château de Villiers,
- Au XIVe siècle : le château de Goué à Fougerolles du plessis, Bois-du-maine à Rennes en Grenouille, St Thomas-de-Courceriers, le château des écottais à Jublains, le château de Loré à Oisseau, le château de la Rongère, le château de Monteclerc à Chartres la forêt, Ambrières, Domfront...
goue rennes en grenouille
Château Bois-du-Maine à Rennes en Grenouille
Monteclerc
Château de Monteclerc à Chartes la forêt
Montesson
Château de Montesson à Bais

Dans les campagnes
Les guerres privées sont beaucoup moins nombreuses, du fait des croisades, ce qui profite aux campagnes.

Les épaisses forêts du Bas Maine où sont venus se réfugier les ermites vont être considérablement amoindries par la poussée du peuplement. De nouveaux bourgs, des fermes se créent. L'essentiel des hameaux et bourgades se mets en place au XIe et sera quasiment définitive au XIIIe.

Ces hameaux sont autant de points de fixation où marchand et artisans s'installent et où foires et marchés s'organisent et intensifient le courant des échanges, où le textile occupe déjà une grande place.

Un ensemble de découvertes importante vont être faites. La charrue en premier lieu est une révolution puisque son usage permet de multiplier les rendements par 2 (3 à 4 grains pour un). Contrairement à l'araire qui se contente de creuser la terre, la charrue grâce à son versoir renverse la terre remontant en surface la terre la plus fertile.

A cela, il faut ajouter l'assolement triennal (une année céréale d'hiver, une année céréale d'été, une année jachère), l'utilisation de la herse, la pratique du marnage (ajout de roche argileuse) et du chaulage (ajout de chaux). A cela, il faut ajouter le collier rigide pour les chevaux qui permet de multiplier par 10 la force de traction.

Enfin, le moulin à eau apporte également une petite révolution technique et connaît un essor considérable.

Le monde agricole connaît une réelle amélioration de la production : les rendements vont jusqu'à 7 pour 1 (froment) et 9 pour 1 (avoine). Le seigle, le froment et la vigne occupent une grande place dans la production.

Les comtes et vicomtes, partis chercher une vaine gloire en terre d'orient, en ramène de nouvelles plantes : le safran dans le Gâtinais, le réglisse en Anjou et le sarrasin dans le Maine. De plus, les croisades, nécessitant de nombreuses rentrées d'argent , ont obligé certains seigneur à vendre une partie de leurs terres. Occasion pour le paysan de changer de maître, voire de devenir propriétaire. Béatrix de Gâvre, épouse de Guy de Laval, originaire des Flandres, fait venir de son pays des ouvriers tisserands qui introduisent et perfectionnent le tissage des toiles de lin dans le comté de Laval.

Ces progrès ne doivent pas faire oublier que le petit paysan, trop pauvre pour acquérir les nouveaux outils, en bénéficie peu : la plupart sont des "laboureurs à bras", ce qui exclut cheval et charrue. Le servage recule mais ne change rien à la pauvreté du paysan.

  
La guerre de cent ans (1350/1450)

Les prétentions des anglais envers les terres de France provoquent des combats, en fonction des alliances des nobles à la couronne française ou anglaise. Cette guerre se généralise et gagne le Bas Maine dés 1356, année de captivité du roi Jean II le bon par les anglais.

La guerre durera jusqu'en 1450 environ. Succession de batailles serrées, de conquêtes, de défaites, d'embuscades, pillages, elle désole le Maine pendant 100 ans.

Après des pillages, une première occupation de Mayenne par les anglais dure 3 ans de 1361 à 1364. En 1370, Du Gesclin, installé au château de Montsûrs, obtient le repli des anglais du Maine avec son ami Guy XII, baron de Laval qui se distingue à ses cotés dans les batailles de Cocherel (1364) et Pontvallain (1370). Il doit lutter également contre les compagnies (mercenaires), véritable fléaux quand ils ne sont pas engagés par une armée. En 1368, elles s'emparèrent de Château-Gontier et l'occupèrent pendant un an. En 1379, d'autres aventuriers, anglais, séjournèrent quatres jours à Cossé-le-vivien et y commirent de nombreuses dévastations.

Aprés la mort de Du Gesclin, et appelés par le duc de Bretagne, les anglais dévastent l'ouest du département (Saint-Pierre-sur-erve, Entrammes, Cossé-le-vivien, La Gravelle...) mais sont repoussés par Guy II.

Aprés la défaite d'Azincourt, une nouvelle offensive a lieu qui est repoussée par Ambroise de Loré (à Villaines-le-Juhel en 1419) et André de Laval-Lohéac. Une victoire éclatante sur des troupes anglaise de passage, la bataille de la Brossinière, à Bourgon, va même marquer l'année 1423.

Pourtant, une deuxième occupation anglaise a lieu au milieu du XVe siècle : Le Mans, Mayenne sont occupés par les anglais de 1425 à 1448; Sainte Suzanne est prise par le comte de Salisburry, grâce à son artillerie, face à Ambroise de Loré. Pendant cette occupation, Jean de Bedfort gouverne, en qualité de comte, le Maine et le Perche. Laval et Sillé résistent, tant bien que mal, aux anglais (Laval est occupée un an avant d'être libéré graçe à un meunier Jean Fouquet qui fit entrer 400 soldats par son moulin en 1429). Ambroise de Loré reste maître de Saint-Céneric mais reçoit l'ordre de rejoindre Jeanne devant Orléans, puis part à Caen où il fait 3000 prisonniers. Charles VII, reconnaissant le nomme, pour le récompenser, prévôt de Paris et de baronnie Laval est érigée en comté (1429).
Pillages et épidémies
Pendant cette période troublée, les campagnes souffrent des pillages et ravages de la guerre, qui sont le fait des troupes ennemis mais aussi des troupes amis, quand ce ne sont pas des bandes de brigands. Ces groupes armés font table rase, récoltes et manants compris. De lourdes contributions (impots, certificat, sauf-conduit..) sont demandées aux populations par les troupes d'occupation. A ces fléaux vient s'ajouter l' épidémie de peste de 1450 qui décime la population.

La population des campagnes est gravement touchée et affaiblie. A la fin de la guerre de cent ans, alors recensée au nombre de feux, elle a diminué de moitié. De nombreux champs retournent en broussailles puis en taillis et forêts. De nombreuses régions souffrent de la famine. Une migration a lieu qui voient les bretons partir vers des régions plus paisibles : nord, bassin parisien ou Picardie.

  
Les Guerres de religion (1450/1600)

La paix retrouvée laisse le Bas Maine dans un état désastreux. Une durable période de calme va permettre au bas Maine de se relever de ses ruines, avant de nouveaux les guerres de religion.

En 1481, la ville de Mayenne échut au duc René II de Lorraine. A sa mort en 1508, la branche cadette des célèbres duc de Guise hérite de la baronnie de Mayenne et la fait ériger en marquisat en 1544, puis en Duché en 1573, en faveur de Charles, le célèbre adversaire d'Henri IV, le chef de la Sainte Ligue, que l'histoire connaît d'ailleurs sous le nom de Duc de Mayenne. La ville de Mayenne fortifie ses accès pour suppléer aux remparts qui ne furent jamais construits.

En 1481, la mort de Charles II d'Anjou, comte du Maine, permet à Louis XI de rattacher le Maine au domaine royal. Le comté du Maine devient une subdivision de la généralité de Tours.

Protestantisme et Réforme (1536-1598)
En 1526 a lieu la première manifestation de la réforme à Laval. En 1536, les protestants sont expulsés de la ville et leurs biens confisqués. De 1546 à 1548, les hérétiques (Jean BATAILLE, Grandami...) sont brûlés sur la place publique. En 1560, l'église réformée est autorisée à prêcher son culte. En 1562, les protestants s'emparent du château neuf de Craon et ravagent ses environs. En 1568, c'est la ville de Château-Gontier qui subit leurs saccages. Aprés la saint Barthélémy (1572), les seigneurs de Laval, ardents Huguenots, sont forcés de quitter la France pendant quelques temps.

Le Protestantisme est prêché au Mans par HENRI DE SALVERT, en 1559, et ensuite par MERLIN, de Paris, qui parvient à convertir un grand nombre de Manceaux. Le clergé, de son coté mène une contre-réforme en opposition à la prolifération du protestantisme.

Une lutte s'engage bientôt entre les catholiques et les protestants et le Maine est le théâtre d'une guerre horrible qui finit par l'extermination des protestants. Le Mans et les principales places de la province sont au pouvoir des Ligueurs quand HENRI IV s'en empare en 1589.  A Mayenne, les troupes de la Ligue se resaisissent du château à deux reprises, en avril 1590 et en juin-juillet 1592. Le 29 juillet, Henri IV envoie le prince de Conti devant la cité, qui se rend "avec les honneurs de la guerre" le 14 août. C'est au cours de ce siège que le château fut en grande partie démantelé par l'artillerie royale. Après tous ces changements de main, la ville de Mayenne va enfin pouvoir panser ses blessures dans la paix religieuse rétablie.

En 1592, le nord du département (Erné, Gorron, Ambrières, Mayenne) est également pillé par les anglais, envoyés par la reine d'Angleterre en soutien au roi de Navarre, tandis qu'au sud, le Craonnais est de nouveau ravagé par les ligueurs. La pacification n'a vraiment lieu qu'avec l'édit de NANTES en 1598, autorisant les temples protestants. Les fortifications de Craon, avec ses 25 tours, sont démentelées.

Aristocratie terrienne
Une transformation de la campagne est amorcée par l'aristocratie de gentilshommes, propriétaires de terrains de 40 à 80 hectares, qui bâtissent des manoirs : le château de l'Orgerie (forêt de Pail), La Vaudelle (Trans), Château de Chelè (Hambers), Château de Neuvillette (Jublains), Château de Thiré (La Bazoges), La cour de Grazay, Le Rocher (Mézangers), Château de Soulgé (Saulges)...

Edifié au XVe, le château d'Aron montre l'effort des aristocrates pour le développement des grosses forges en partie graçe aux mines de fer présentes en Mayenne : à lire Le Château d'ARON et ses grosses forges d' A. GROSSE-DUPERON. De la même époque, on découvrira un extrait du patois : la légende de TREHOUDY (Aron)

saint Ouen
Château de Saint-Ouen à Chémazé
La Vaudelle
Château de la Vaudelle à Trans
chateau
grazay
Château de Thiré à la Bazoges
le rocher
Château du rocher à Mézanger
Soulge
Château de Soulgé à Saulges


A la campagne
Le développement de la bourgeoisie amène le développement du commerce et de l'industrie.

Le lin et le chanvre figurent parmi les oblations faites à l'église, à la fin du XVIe s. Les échanges commerciaux de la France avec les riverains de la mer noire permettent le développement du sarrasin, cultivé désormais au même titre que le seigle ou l'avoine. La pomme vient supplanter la vigne. Le vin, de médiocre qualité, est abandonné au profit de vin importé ou de cidre produit sur place. Ce mouvement est accentué par les fortes gelées de 1493.

à lire : Le cidre : son introduction dans le pays de Laval de l'abbé Angot.

Le calme du début du XVe siècle permet un renouveau de l'agriculture, qui disparaît dans les guerres de religions. Sous le règne de François 1er, la Mayenne est rendue navigable de Château-Gontier à Laval. La chapelle Saint-Michel ainsi qu'un ermitage sont édifiés au XVeme siècle sur le Montaigu.

Les frondeurs mis à mal se vengent en pillant les campagnes. A l'issu des guerres, les biens sont dévastés: ponts détruits, chemin encombrés de ronce, biens pillés.

De plus, le climat est particulièrement rigoureux en 1556, 1566, 1580, 1593 et 1608. De nouvelle épidémie de peste ravagent le Maine en 1469, 1472, 1480 et 1580.

Pendant les années 1473, 1482 et celles qui suivent, les récoltes sont mauvaises, entrainant un prix trés élevé du pain et des famines. Pour combattre la famine, la farine de sarrasin est mélangée avec des racines de fougère ou des glands.


  
Le temps des rois et du renouveau économique (1600/1700)

Le Maine redevenu tranquille, la paix royale s'installe. Elle profite surtout aux villes où elle favorise le développement du commerce et de l'industrie, de l'artisanat et permet à sa population de se consacrer aux études et à la grande noblesse d'accéder aux plaisirs de la cour. En un demi-siècle, les ravages des guerres sont réparés.

Mayenne
A la mort du célèbre Duc de Mayenne, en 1611, son fils Henri devient le 2ème Duc de Mayenne mais meurt en 1621 sans laisser de descendants. Le duché passe alors par sa soeur à une autre grande famille, les Gonzague, ducs de Mantoue et de Nevers.

Sous leur influence, la cité de Mayenne prend parti pour la Fronde (soulèvement contre Mazarin) sans subir, il est vrai, de troubles sérieux. Enfin, en 1654, le tout puissant Cardinal Mazarin, redevenu Premier Ministre, achète Mayenne à son duc, Charles IV de Gonzague, mettant ainsi un terme définitif au rôle militaire de son château, réduit à être désormais la résidence très épisodique de ses seigneurs.

Le premier soin de Mazarin fut d'envoyer à Mayenne son intendant, Colbert, qui y séjourna longuement en 1656 et décrit à son arrivée Mayenne en termes peu flatteurs "la ville est très sale et très vilaine, le peuple méchant".

Sans délai, Colbert déploie l'intelligence et l'inlassable activité qui devait faire sa gloire. Il fait entreprendre de grands travaux d'assainissement et d'urbanisme : assèchement des deux étangs de Beaudais, construction du château des Buttes, connu sous le nom de "Grand Logis" pour servir de résidence aux ducs à la place du vieux château fort trop délabré et inconfortable.

Il dote Mayenne d'une municipalité et d'une Barre Ducale siégeant au "Palais" qui est maintenant l'Hôtel de Ville. De plus, les nouveaux offices créés vont contribuer au rayonnement et à l'essor de la ville en y fixant toute une série de familles de noblesse de robe et de bourgeoisie qui se firent construire, au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, l'ensemble d'hôtels particuliers qui encadrent les places Haute et Basse du Palais (de nos jours places Cheverus et Louis de Hercé).

Durant 130 ans, la cité de Mayenne va connaître le calme et une prospérité basée sur le tissage et le négoce des toiles de lin cultivés dans tout le Bassin Maine. Par contre, les ducs résidant à la Cour vont se faire de plus en plus rares sur leur fief. Après la famille Mazarin-La Meilleraye, la seigneurie de Mayenne va changer de famille à chaque génération par alliance : Durfort en 1735, d'Aumont en 1747, Grimaldi de Monaco en 1777. C'est ainsi que de nos jours, le prince Rainier III de Monaco porte toujours le titre féodal de Duc de Mayenne.
Au crépuscule de l'ancien régime, Mayenne était une cité considérable, presqu'autant que Laval, peuplée d'après le chanoine Le Paige, de 9 900 communiants (soit près de 12 000 habitants). A n'en pas douter elle aurait paru au touriste contemporain une bien pittoresque agglomération avec l'engagement de ses toits à poivrières descendant jusqu'à la rivière bordée de vieux moulin à roues et dominée par les remparts encore imposant de son vieux château et les rochers de ses deux paroisses et des chapelles de deux importants monastères : celui des Calvairiennes (actuel lycée Sévigné) et celui des Capucins, futur couvent de la Visitation.
A lire : le compte-rendu de la dame d'Aron au cardinal de MAZARIN sur ses propriétés et ses droits.

Développement du commerce

Au Mans, en 1600, HALLAI établit la première fabrique de bougies. Quelques années après, JEAN Véron (1615-1689) invente les étamines camelotées (nouvelles étoffes de laine plus fines) qui font bientôt l'objet d'un grand commerce.
Les fabriques de toiles de Laval (fabriquées également à Mayenne et Château-Gontier) prennent aussi une grande extension et avec elles, la culture et le travail du lin .

Développement des arts et des sciences
La bourgeoisie développe les arts et les sciences et plusieurs Manceaux se sont illustrés :
- GERMAIN PILON père, et surtout GERMAIN PILON (1528-1590) son fils, peuvent être considérés comme les fondateurs de la sculpture française,
- PIERRE BELON (1517-1564), savant naturaliste, fit des voyages en Grèce, en Arabie, en Égypte, et en rapporta des plantes utiles et rares,
- AMBROISE PARÉ (1510-1590) est appelé le père de la chirurgie,
- RONSARD (1524-1585) fut l'un des meilleurs poètes de son temps.

A Laval, la contre-réforme donne l’occasion aux artistes locaux de diffuser le modèle du retable lavallois dans toutes les églises de l’ouest, faisant ainsi oublier l’engagement des seigneurs de Laval dans le parti protestant. La révocation de l'édit de Nantes de 1685 (par Louis XIV !) n'a pas de conséquence en Mayenne où les rares protestants  préfèrent se convertir plutôt que fuir, à l'exception de quelques rares nobles.

La campagne connaît encore des famines
Sous l'influence des italiens, nombreux à la cour de Valois et par suite de la découverte de l'Amérique, de nouvelles plantes font leur apparition dans le Maine : tomates, melons, mûriers (en Touraine pour le ver à soie). Le dindon se mêle aux poules et aux canards dans les basses-cours. Ces mesures favorisent une renaissance des campagnes qui s'accompagne d'un accroissement d'une population très active.

Les guerres (dite de "30 ans") de Louis XIV (1643-1715) enlèvent beaucoup de bras à l'agriculture ce qui provoque un abandon des terres en landes (les champs sont "ensemençés" de genets qui sont brulées au bout de 5, 8, 10 ans !) et entrainent de médiocres récoltes.

Comprenant que la majorité des paysans est écrasée par le poids des impôts royaux et seigneuriaux, Colbert prend des mesures pour atténuer ces dettes et commence un vaste programme de développement de l'élevage : il interdit de saisir le bétail pour la taille (1663) ou pour dettes (1667). L'élevage, en cette fin du XVIIe siècle, est encore peu prisé par la majorité des paysans : les bestiaux sont vendus maigres aux herbagers normands qui les engraissent. Des boeufs et des porcs gras sont vendus à Paris. L'importation et l'exportation de blé sont réglementés par l'état (1669-1683). Le seigle, l'avoine et le sarrasin restent cependant les principales céréales cultivées, complétées par le lin, le chanvre et les chataignes.

Malheureusement, cela ne fait pas reculer la famine qui frappe les campagnes de façon endémique depuis les guerres. Dans le Bas Maine, la famine touche le peuple en 1624/26, 1636/41, 1649/50, 1682, 1693/94 et 1699/70.

La vie des paysans reste misérable, si l'on en croit les récits de Fénelon et Vauban. L'hiver de 1709 fut tellement rude qu'il fut appelé le "Grand Hiver". En 1716, les loups en bande nombreuses sortent des bois et vont jusqu'à s'attaquer aux hommes.   

1ere Révolution agricole (1700/1789)

Dés 1752, les portes des villes de Laval et du Mans ne sont plus fermées. Un pouvoir politique central fort permet le développement des transports et de l'économie.

L'amélioration des moyens de transport
Le trafic entre les villes et vers l'atlantique s'accroît. Les intendants du XVIIIe siècle tracent de belles routes droites et larges, de Paris vers Le Mans entre autres. De lourds chariots et d'amples diligences y effectuent des étapes de 20 à 30 km par demi-journée de trajet.
En Mayenne, il n'y a pas de routes mais des chemins étroits où les marchandises sont transportées à dos d'hommes ou d'animaux. Les premières routes apparaissent sous Louis XV (1715-1774) et donneront nos nationnales. Cela n'empêche pas le développement important du commerce.
Le transport fluvial n'est pas en reste qui voit apparaître un trafic d'importation de sel (atlantique), de hareng (hollande), de sucre (Antilles), de Tissus de laine et de coton (Angleterre). En retour, on expédie le vin et le blé (vers les iles), les salaisons et les articles de ménage.

L'aménagement des routes royales et l'apparition de la concurrence font apparaître les premières difficultés dans les forges et la manufacture du Maine.

Laval
Le XVIIIe siècle marque l’apogée économique d’une ville toute entière tournée vers le textile et dirigée de fait par une oligarchie de marchands vivant dans de somptueux hôtels particuliers.
Les toiles de Laval font l'objet d'un commerce actif vers le nouveau monde dès la renaissance. En 1768 Laval compte 15 blanchisseries, 90 000 personnes travaillent pour celles-ci dans le Bas Maine. En 1780, on produit plus de 30 000 pièces de toiles que l'on étend pour les blanchir, sur des piquets fichés dans les prairies de la rive gauche.
Sur les hauteurs se construisent de vastes hôtels particuliers de granit et de tuffeau. A l'opposé, dans les faubourgs, de petites maisons dotées de grandes caves (pour garder le lin humide) abritent les ouvriers et leur métier à tisser.

La révolution vient interrompre ce cycle de croissance économique. La ville voit passer les armées républicaines et vendéennes. Les chouans tiennent la campagne.
A lire Histoire de l'imprimerie à Château-Gontier René Gadbin

La vie à la campagne
"A la fin du XVIIIe s. le froment était si rare, que M. Foucault de Vauguyon, curé d' Ahuillé de 1755 à 1780, était obligé d'en acheter pour se nourrir, la dîme ne lui suffisant pas. Déjà sous son successeur, le froment était plus cultivé que l'avoine." <dictionnaire de l'abbé Angot>

En 1776, l'édit de Turgot affranchie de la taille (paiement d'un impôt au seigneur) toute terre mise en culture. Des milliers d'arpents sont gagnés sur les landes.  Sous le règne de Louis XVI, l'introduction de la pomme de terre, utilisée d'abord comme aliment pour le bétail, met fin aux disettes dans la Bas Maine. La betterave gagne également du terrain.

Le matériel agricole reste primitif : on scie le blé mûr à la faucille, on utilise les fléau pour dépiquer les céréales. Cependant, s'inspirant des fermiers anglais, certains gentilshommes campagnards et quelques paysans aisés introduisent et expérimentent une "agriculture nouvelle". Les pratiques agricoles vont très progressivement s'améliorer et se généraliser avec pour conséquence une amélioration des rendements qui s'amorce dés 1750.

La pratique du chaulage et la culture des légumineuses sont introduits avec pour objectif de supprimer la jachère. L'achat de semence est recommandé plutôt que la réutilisation des mêmes semences d'une année à l'autre. L'assolement triennal (céréale d'hiver + céréale d'été + légumineuse) avec utilisation des amendements (gypse, sulfate... selon le sol) et du fumier sont mis au point en remplacement de la jachère. Sont introduits également les labours multiples et profonds, les plantes fourragères (aliment pour le bétail), les prairies artificielles (terrain en herbe moins de 5 ans) et les machines agricoles ancêtres de nos semoirs, moissonneuses, et batteuses. Sans doute ces progrès ont bénéficié d'un mouvement intellectuel, prés du pouvoir, de "physiocrates" qui considèrent l'agriculture comme seule véritable richesse et qui veulent l'élever au 1er rang.

Cependant, les paysans jugeant d'un œil critique ces innovations ou n'ayant pas les moyens de les mettre en œuvre, vont mettre plusieurs décennies avant de les appliquer pour en tirer tous les bénéfices. La situation sociale du paysan n'a pas évolué. En France, sur 28 Millions d'habitants, les paysans sont 22 Millions et possèdent 50 % de la surface cultivée. Sachant que de gros propriétaires possèdent la plus part des terres, la majorité des paysans sont propriétaires d'un lopin de terre de un ou deux hectares, d'une masure et vendent leurs services aux grosses exploitations ou louent des terres vacantes en reversant la moitié des récoltes au propriétaire.

Les paysans sont taillables (imposables) jusqu'en 1776 et corvéables (travail gratuit du au noble) jusqu'à la révolution qui fait disparaitre également le champart (part de récolte reversée au noble) et les banalités (usage obligatoire, et rémunéré, des outils du seigneur : moulin, forge, pressoir...). La vie matérielle des paysans du XVIIIe reste médiocre même si elle s'améliore sensiblement. Les habitats sont des chaumières à simple rez-de-chaussée et au sol de terre battue. Vêtu de gros drap de laine et de linge en toile de chanvre, hiver comme été, on va pieds nus, sauf pour assister aux offices religieux.

Pendant l'hiver 1788-1789, beaucoup de personnes meurent de faim et de froid et la révolte gronde dans les campagnes. Louis XVI sensible à cette misère, organise les états généraux du 5 mai 1789 : les Mayennais envoient à Versailles 3 députés pour la Noblesse, 3 pour le clergé et 7 pour le tiers-états. Chaque région, chacune dans un patois différent, exprime les mêmes doléances : abolition des privilèges, peur de la disette...
A lire de Em.-Louis CHAMBOIS- Observations de météorologie populaire au Maine  

 
Révolution française et chouannerie (1789/1816)

Pendant la révolution, la prise de la bastille est acceuillie avec la plus grande joie, tandis que des milices s'organisent dans toutes les villes par peur des troubles.

Les 23 et 24 Juillet, le toscin sonne suite à des tumeurs sur des brigandages : ces jours seront appelés le "Jeudi et Vendredi fous".  Le 4 aout et l'abolition des privilèges mets fin aux attaques ponctuelles de châteaux par les paysans.

En 1790, l'Assemblée Constituante modifie profondément l’organisation administrative du Maine. Cette province disparaît pour faire place à deux départements : celui de la Mayenne, avec Laval pour chef-lieu, et celui de la Sarthe, chef-lieu Le Mans. Dans ce découpage, la Mayenne est issue du regroupement des paroisses qui cultivent ou filent le lin.

La constitution civile du clergé avec la vente de biens de l'église et le serment (ou la fuite des prêtres) mets fin à la liesse qui accompagne la révolution jusqu'alors. La levée de volontaire pour défendre la patrie se passe bien en 1791 mais donne lieu à quelques troubles en 1792. De plus, la Révolution Française a laissé des traces visibles encore aujourd'hui en créant un clivage entre Chouannerie et République qui a pratiquement perduré jusqu'à la Vème République. Il est renforcé par un découpage administratif qui concorde avec le clivage politique du Bas Maine : la Mayenne Chouanne d'un coté, la Sarthe républicaine de l'autre.

La terreur

A partir du 1e octobre 1793, la guillotine parcourt les principales villes du département et va envoyer 500 personnes à l'échafaud.

La guerre des vendéens
En octobre 1793, les paysans Vendéens s'insurgent contre les décrets de la convention, et en particulier la convention civile du clergé. C'est un mélange complexe de catholique en opposition aux philosophes du XVIIIe siècle, de campagnards contre les citadins, de nobles contre les bourgeois et même de jeune gens contre le service militaire décrié.
Cette opposition est la dernière manifestation d'un régime rural basé sur le pouvoir d'une noblesse et d'un clergé local laissant la place à un pouvoir bourgeois, citadin et laïque. Les vendéens, revenant de Granville, s'emparent de Laval, de La Flèche puis du Mans où ils livrent la ville au pillage. Jean CHOUAN et ses 400 hommes rejoignent les vendéens (Jean Chouan trouvera la mort en 1794 mais son mouvement continue en portant son nom). Les chouans gagne l'attaque de la lande de la Croix-Bataille, en octobre 1793.
L'armée républicaine riposte : elle pénètre au Mans et après deux jours de résistance (12/13 déc. 1793), les Vendéens se retirent vers Laval pour être défaits un peu plus tard à Savenay en décembre 1793. Le massacre de 15.000 chouans et vendéens au Mans, puis du reste de l'armée vendéenne à Savenay, marque tragiquement la fin d'un épisode des guerres de Vendée: la virée de Galerne.

La guérilla des chouans
Les débris de l'armée vendéenne se jettent dans le parti des Chouans. Ceux-ci, au lieu de combattre comme les Vendéens, par grandes masses, s'éparpillent dans les bois et s'appliquent à détruire en détail les armées républicaines (1795).

HOCHE inflige aux Chouans plusieurs défaites sans pouvoir les réduire complètement. Mais, en 1797, à la tête d'une armée de 35.000 hommes, il leur fait déposer les armes dans les départements de la Sarthe, la Mayenne, le Morbihan, l’Ille-et-Vilaine, la Manche, l'Orne et le Calvados.
En 1799, après deux années de paix apparente, les bandes se reforment et 1.500 Chouans commandés par de BOURMONT, sous le nom de "Mécontents", s'emparent par surprise de la ville du Mans, le 14 octobre et la pillent et la rançonnent pendant trois jours.

Sur ces entrefaites, le Directoire est renversé par Bonaparte qui envoie le général BROME avec 30.000 hommes, La guerre civile est alors promptement terminée. En 1814, à la nouvelle du retour de Napoléon, les chouans reprirent les armes prés de Château-Gontier, Craon et Cossé-le-vivien avant de les déposer aprés la défaite de Waterloo. A lire également : La passion de Perrine Dugué (st suzanne) , La croix de pierre

A Mayenne

La révolution est d'abord bien accueillie par la majorité de la Bourgeoisie Mayennaise, qui pense pouvoir accéder, dans la vie politique et administrative, aux rangs et aux places que lui méritent son labeur et ses élites. Quand la constituante crée les départements en 1790, Mayenne veut faire valoir sa proximité de Paris et son rang d'antique duché pour devenir le chef-lieu du nouveau département et c'est une véritable émeute qui tente de s'opposer au passage du drapeau tricolore que l'Assemblée envoie à Laval.

L'adoption de la constitution civile du Clergé met le feu aux poudres : le clergé de Saint-Martin ayant prêté le serment le 20 février 1791, tous ses paroissiens vont désormais suivre les offices de Notre-Dame. Les Capucins si dévoués et les pieuses Calvairiennes très populaires, sont dispersés par la force, puis ce sont les prêtres insermentés qui, à leur tour, sont déportés ou réduits à la clandestinité et les églises fermées.

La révolte populaire éclate pour la première fois le 1er mars 1793. Alexandre Billard de Vaux, à la tête de 600 "gars" décidés, tente un coup de main sur Mayenne. La répression est brutale : Mayenne est livrée à un comité de surveillance révolutionnaire qui, sous l'impulsion d'Esnue-Lavallée, fait régner une terreur sanguinaire, remplit les prisons et pourvoit la guillotine installée place de L'égalité (actuelle place de Cheverus). La "Grande Armée" des Vendéens, en route pour Granville, ne fait que passer les 2 et 3 novembre 1793 et à nouveau le 25 novembre. Par contre, dans les campagnes environnantes, l'insurrection générale se poursuit pendant 7 ans et la première république ne peut venir à bout de la guérilla, souvent défaite, jamais détruite, que lui mènent les paysans révoltés sous le nom de "Chouannerie". Ce n'est qu'en rappelant les "bons prêtres", en rouvrant les églises et en promettant l'amnistie et la liberté de conscience que le Consulat vient à bout des insurgés en 1800 et réalise la pacification définitive du pays.

A Laval

L'instauration d'une administration préfectorale à Laval, change le destin de ce qui est désormais le chef lieu du département de La Mayenne. Le 1er préfet, Nicolas Harmand fait construire une préfecture de style néo-classique.

Au Mans

Pendant la Révolution, les Manceaux suivent le mouvement général et le parti républicain compte bientôt un grand nombre de partisans.

La révolution française
Une des premières décision prise est la confiscation des biens du clergé, entre autres les écoles catholiques (plus de 300 en Mayenne). Les instituteurs (laïques ou religieux) doivent prêter serments pour continuer à exercer et recevoir un salaire. La majorité s'y refuse et beaucoup d'école doivent fermer par manque d'instituteurs. (voir document de l'abbé Angot La Révolution et l'instruction populaire dans le département de la Mayenne)

A la campagne
La révolution libère la terre des cens et des rentes, sans changer notablement les structures foncières et agraires. Seulement, les anciens tenanciers n'ont plus à payer la dîme au curé et la rente au seigneur. Cet allègement des charges n'a pas d'impact sur l'agriculture avant le second empire. Le paysan n'est plus soumis aux corvées. Les progrès techniques restent très lents : on continue à pratiquer un assolement à base de céréales et de jachère. L'élevage reste médiocre avec des races bovines rustiques mais de faible rendement en viande, en lait et en travail. On élève plutôt du petit bétail : moutons, porcs, ânes et volailles, qui s'accommodent d'une nourriture frugale.

Pour labourer, le paysan ne dispose que de l'araire à un mancheron, ou d'une charrue à deux roues. Ils ne peuvent pas pénétrer profondément dans le sol pour défricher, d'autant qu'ils sont attelés à des bœufs de petite taille. On utilise comme engrais le fumier des cours et des étables, aussi les rendements sont ils faibles. La population rurale est en hausse, l'immigration vers les villes est encore rare. Le paysan de 1848 est sans doute plus pauvre que son grand-père de 1788. Faute de moyen de communication, on vend peu.

Chaque famille vit sur les produits de la ferme, achetant peu et vendant peu. De plus, avec le régime de la propriété, fermage ou métayage, une part des bénéfices de l'agriculture est aspirée vers les villes où résident les propriétaires des sols. Enfin, la période de trouble durant la révolution qui durera 10 dix ans, les réquisitions de récoltes et la surveillance des productions n'incitent pas le paysan à investir. En 1793 la levée des hommes pour la défense de la patrie et en 1798, la conscription avec un service militaire de 5 ans privent la terre de milliers d'hommes. En 1813, la France compte plus de 1.4 millions de conscrits ! Les préfets signalent l'état déplorable des chaumières dans le Bas Maine.  

 Restauration et modernisation (1816/ 1870)

Pendant les règnes de NAPOLÉON Ier, de Louis XVIII, de CHARLES X et de Louis-PHILIPPE, l'histoire du la Mayenne et de la Sarthe est celle de tous les Français, que les voies de communication ont rapprochés, que la Révolution a resserrés; il ne reste plus ni Manceaux, ni Normands, ni Angevins, ni Bretons, mais des Français.

La restauration qui met fin aux longues guerres étrangères, est accueillie dans l'enthousiasme général. Si la proclamation de la monarchie de juillet est encore en 1830 marquée d'une émeute, l'avènement de la IIème république est salué des voeux de la grande majorité de la population et le 9 avril 1848, c'est le curé-archiprêtre de Notre-Dame de Laval qui bénit l'arbre de la liberté. Les arts, les sciences, les lettres, l’agriculture, le commerce et l'industrie se sont développés dans la Mayenne et la Sarthe qui ont compté, à cette époque, des hommes remarquables dans tous les genres.

Le développement du chemin de fer et des voies navigables
Jusqu'en 1850, la circulation des marchandises et des voyageurs est pénible et coûteuse, sur des routes chaotiques et mal entretenues. Les voies d'eau navigables, très utilisées pour la batellerie, sont aménagées au début du XIXe siècle : la Mayenne est canalisée sur une longue partie de son cours. L'apparition de la voie ferrée, dés 1843 (Paris-Orléans), accompagné du déclin du travail du lin, entraîne le déclin et la mort de la batellerie (fin XIX). En 50 ans, le chemin de fer étend sa toile d'araignée jusqu'au plus modeste chef-lieu de département. Partout où il passe, le train apporte essor économique et démographique. En Mayenne, il permet de limiter le déclin du à la disparition du lin et d'accompagner le développement des campagnes.

Laval

Avec la forte diminution de la toile de lin, le rôle jusqu'alors prépondérant de la rivière diminue. La Mayenne canalisée par plus de 4,5 km de quais de granit devient un lieu de promenade menant jusqu’aux frontières de la ville qui sont réservées à l’industrie. Le IIème Empire modifie profondément l'aspect de la ville par les grands travaux qu'il effectua. Le viaduc ferroviaire (1855) améliore sensiblement la desserte Paris-Rennes. La ligne de chemin de fer Laval-Caen est inaugurée le 6 novembre 1866. Le vieux pont en dos d'âne du XIIème siècle est remplacé par trois ponts modernes dont le Pont Neuf en 1815. L’activité déployée par les premiers préfets et par les édiles urbains limite le déclin démographique de la ville, qui se précise dès la fin du second Empire dans tout le département. Le renouveau urbanistique s’accompagne d’une réelle amélioration de l’équipement public : Laval se dote ainsi d’un musée (1890), de nombreuses écoles et d’une prison modèle (1901).
A lire Une visite à la crèche de rené GADBIN

L'apogée des campagnes
Le XIXe siècle, c'est l'apparition des cotonnades qui supplantent rapidement la toile de lin. Le déclin de l'industrie linière oblige l'agriculture Mayennaise à se reconvertir. La Mayenne reste un département rural dirigée par une aristocratie foncière qui espère un retour de la monarchie et reste attachée à ses terres. Pour pallier à la perte des manufactures textile et conserver leur richesse, les notables réalisent avec succès le passage au régime de la polyculture. Supprimant les jachères, fertilisant le sol, améliorant le rendement des prairies, développant la culture des céréales riches, le monde paysan exploite au mieux les possibilités de la terre. La culture constituée presque exclusivement de seigle et de sarrasin (et un peu de pomme de terre) en 1835 s'enrichie avec le trèfle et le froment qui devient la culture dominante en 1862.

Cette expansion agricole est aussi liée à l'acquisition de nouveau matériel agricole : la charrue Dombasle qui, tirée par plusieurs paires de bœufs permet un labour profond, la faucheuse et la moissonneuse. L'emploi d'engrais organiques(guano) et chimiques (phosphate), et à la pratique du chaulage, permettent l'abandon de la jachère. Les rendements de céréales passent de 6 à 18 quintaux par hectare. Le développement des moyens de transport portent leurs fruits : à l'autoconsommation d'autre fois vient se substituer la spécialisation et la commercialisation des produits agricoles.

Délivrés de la crainte de la disette, les métayers du Bas Maine délaissent peu à peu les céréales pour se consacrer presque uniquement à l'élevage des bovins. Les chevaux et les porcs font leur apparition au détriment des ovins. C'est une époque où les village ont connu une activité difficile à imaginer dans leur silence actuel. Aux rudes travaux de la semaine succédait un Dimanche agrémenté de réunions bruyantes, de fêtes locales accompagnées de bals. Autour du père, les déjeuners dominicaux groupaient une ou deux dizaines d'enfants et petits-enfants. Un artisanat nombreux se développe : maçons, charpentiers, charrons (fait des chariots), forgerons, meuniers, tisserands, cordonniers qui complètent les produits de leur lopin de terre par les produits de leur art. A lire : les métiers d'autrefois La spéculation agricole enrichie les maîtres de la terre, mais beaucoup moins les métayers et les journaliers.

Cependant, grâce à leur labeur intense et à une épargne écu par écu, les petites gens des villages achètent de petits lopins de terre. Ces petits paysans ont cependant du mal à défendre leurs intérêts de classe, vis à vis de propriétaires qui possèdent le pouvoir politique et qui se conforment à l'idéologie religieuse dominante, bien ancrée dans la société civile. Dans ce contexte, la charité est le seul remède à la misère, la religion la seule consolation. De 1845 à 1847, les intempéries sévissent et frappent la population la plus pauvre : c'est la disette. A lire : Histoire de la famille ROUAULT depuis 1834 Louis ROUAULT  

Guerre Franco-Prusse 1870-1871

Le 15 juillet 1870, NAPOLÉON III déclare la guerre à la Prusse (15 juillet 1870.) Tout d'abord l'enthousiasme est grand, la population ne doute pas du résultat. Trois mois après l'ennemi foule le sol de la Sarthe ! L'Empire s'est effondré, les 300.000 hommes qui composent son armée sont tués, blessés ou faits prisonniers. En vain Gambetta a organisé des armées, les Allemands dont le nombre dépasse un million avancent toujours.

Le 22 octobre 1870, Emile de Kératry, ancien préfet de police de Paris, propose et obtient la concentration des mobilisés bretons dans un camp situé en arrière du Mans, à Conlie, dans le but de ravitailler et libérer Paris. Les allemands avancent toujours : le 12 Janvier 1871 ils font leur entrée au Mans, le 15 Janvier 1871 ils sont à Sillé et Saint-Jean-sur-Erve. Là, les Français infligent des pertes sérieuses à l'ennemi qui n'ose plus avancer et s'arrête le long de la Mayenne. Quelques jours après, l'armistice suivi de la paix met fin à cette guerre désastreuse.
  
Début de siècle  (1871-1914)
Séparation de l'église et de l'état. En 1907, une deuxième révolution a lieu : avec la loi de séparation de l'église et de l'état, les religieux et les religieuses n'ont plus le droit d'enseigner avec leur costume. Beaucoup quittent l'enseignement en France et partent à l'étranger : en Angleterre, en Belgique. D'autres se sécularisent et restent sur place.

C'est la division dans les communes et le commencement de l'école privée ou école catholique. Les parents ont la liberté de choisir mais comme les maîtres ne sont pas payés par l'état dans l'enseignement privé, les parents doivent payer pour chaque enfant une rétribution mensuelle qui sert de traitement pour les maîtres. A Bais, l'école libre ouvre en 1907 après le départ des religieuses. Dans l'enseignement Catholique, c'est la grande pénurie de personnel. Il y a des dévouements : des personnes munies de leurs diplômes quittent leur situation et entrent dans l'Enseignement
A lire :
Centenaire de la Rouaudière (Histoire de la famille ROUAULT) Joséphine ROUAULT

La grande industrie en marche
Le développement de la grande industrie, née sur les bassins houillers (hauts fourneaux de Lorraines, sidérurgie...) provoque des changements notables dans l'artisanat. Cordonniers et tisserands disparaissent des villages. Forgerons et Maréchaux-ferrants se reconvertissent en garagistes ou plombiers. Les meuniers abandonnent leurs moulins à vent ou à eau. Seuls sont restés parmi les anciens métiers, les maçons et les menuisiers. A Laval, le textile, la confection et la chaussure permettent de maintenir une certaine activité, qui compense le déclin de l'artisanat.

Cependant, l'industrialisation piétine dans le Bas Maine. La bourgeoisie urbaine et la noblesse des campagnes n'envisagent guère des investissements de capitaux dans les entreprises industrielles. Les fonds d'état, le commerce et l'achat de terre paraissent de meilleurs placements. De plus, les quelques placements au Mans ou à Laval se heurtent à de sourdes oppositions sociales, à des craintes de désordre ou de pollution. La faible industrialisation et la démographie accompagnée d'un sous-développement industriel, commercial et universitaire laissent peu d'espoir dans un développement futur de la région.

1er Guerre Mondiale
La guerre va saigner à blanc la paysannerie, lui enlevant définitivement une change de sortir de sa léthargie : 500 à 700 milles morts, soit 20 % de la population masculine. Et ceci, sans compter les séquelles physiques et morales des survivants. L'exode rural continue, malgré tout, car les conditions de vie des paysans sont de plus en plus difficiles. Cette nouvelle population de citadins va être frappée de plein fouet par la crise des années 30. Développement du transport routier Après la première guerre mondiale, on pouvait croire à la victoire du train sur la voiture : les pneus crevés, les routes défoncées par d'innombrables nids de poules...

L'emploi du goudron de houille sur des revêtements plus épais a remédié à ces inconvénients. A son tour, le chemin de fer subit la concurrence de la route parcourue par le camion et la voiture. Le déclin s'est traduit par la fermeture des petites voies départementales, puis se sont les lignes secondaires des grands réseaux qui disparaissent.

Vie à la campagne
Dés 1860, on signale le début de l'exode rural, essentiellement vers Paris, qui offre de nouveaux horizons dans les entreprises urbaines et les services publics. Cet exode provient aussi bien de la noblesse, des petits propriétaires que des ouvriers.
Les descendants de la noblesse et de la bourgeoisie locale, maîtresse de grands domaines, abandonne l'exploitation directe de leurs champs pour des situations plus paisibles dans la banque ou la haute administration.
Les ouvriers agricoles, quand à eux, préfèrent un salaire médiocre dans un taudis citadin plutôt que la paye et les conditions de vie misérable de la campagne.

Ensuite les petits propriétaires agricoles abandonnent des parcelles trop petites qui occasionnent un travail forcené pour un revenu insuffisant. La concurrence de produit importé à meilleur marché (soie, blé, élevage) n'arrange rien, malgré des mesures protectionnistes en 1981. L'exode connaît un sommet vers 1880/1890.

A la fin du XIXe siècle, la population rurale ne représente plus que 38% de la population, alors qu'elle constituait 75% en début de siècle ! Le Bas Maine, isolé et à forte emprise familiale, est relativement épargné par l'exode rural : l'exploitation agricole est une affaire familiale avec encore souvent bonne et ouvrier agricoles, même si ceux-ci sont plus rares.

La mécanisation accompagne l'exode rural : pour compenser le manque de main d'œuvre, les agriculteurs utilisent la charrue de Dombasle, la faucheuse, les râteaux faneurs et les moissonneuses-lieuses. L'effet positif est que la relative rareté de la main d'œuvre provoque l'augmentation du salaire des ouvriers agricoles. La vie à la campagne reste difficile : les outils sont médiocres, la vie est sédentaire, assez austère et le confort médiocre. L'électricité est installée dans les villages (95% des villages équipés en 1938), parfois dans un climat de défiance, mais n'équipe pas encore les campagnes.
A lire La vie à la campagne au début du siècle - Mes vieux souvenirs Joséphine ROUAULT

Au début du XXe siècle, la campagne souffre d'un manque de dynamisme, et d'un niveau de productivité nettement plus bas que ceux des pays voisins. La création d'un ministère de l'agriculture ou des caisses locales de crédit agricole ne change rien au phénomène. Dés 1926, la crise mondiale aggrave le phénomène en frappant l'agriculture en premier lieu : les exportations s'effondrent.
   
2eme Guerre Mondiale (1939-1944)
 
Mayenne
La cité de Mayenne qui n'avait pas revu depuis 150 ans les tourments de la guerre subit le 9 juin 1944 un terrifiant bombardement aérien qui coûta la vie à plus de 400 habitants et détruisit la majeure partie du faubourg Saint-Martin. Elle fut une dernière fois transformée en champs de bataille lors des combats de la Libération du 6 au 13 Août 1944 : en se sacrifiant pour empêcher le dernier pont de sauter, le soldat américain, J.D. Mac Racken permit aux blindés du Général Patton de poursuivre les Allemands.
A lire la guerre 1939/1944 et la captivité Joseph SABLE
Les trentes glorieuses (1945-1968)

Le faible dynamisme des années d’entre-deux guerres est, heureusement, compensé par le retour à la prospérité qui caractérise les trente glorieuses (1945-1975). Laval L’exode rural fournit alors en main d’œuvre des entreprises comme LMT ou Thomson qui viennent compléter une activité agroalimentaire de pointe (Besnier).
En périphérie, la ZUP des Fourches, les ZAC de Grenoux et du Bourny achèvent la conquête du plateau sur la rive droite. Mais c’est la vallée qui structure toujours l’essentiel du développement au sud avec la ZUP Saint-Nicolas (neuf mille habitants) et au nord vers Changé-les-Laval.

La 2eme révolution agricole
Vers le milieu du XXeme siècle, une deuxième révolution agricole s'opère. Les paysans reviennent de la guerre animés d'une envie de reconstruire avec des idées différentes de celles d'avant la guerre.

L'adaptation aux nouvelles techniques est important, en témoigne l'évolution du nombre de tracteurs : l'équipement en tracteur en France passe de 35 000 en 1938 à un million en 1965! Une sélection de races animales plus performante permet un développement spectaculaire de l'élevage bovin, plaçant la Mayenne parmi les départements les plus performants en matière de production laitière et bouchère. Le lait représente plus de 40% de la production agricole totale, la viande bovine près de 30 % et la Mayenne est respectivement au 5eme et 3eme rang dans ces productions.

Les rendements de céréales passent de 14 quintaux en 1941 à 36 quintaux en 1968. L'agriculture intensive apparaît, les troupeaux passent de 10 à 30 bovins. Les nouvelles technique permettent de gérer des surfaces beaucoup plus grandes avec moins de personnel. La main d'œuvre nécessaire à la ferme est moins nombreuse provoquant un exode rural important.

Changement du mode de vie
La modernisation fait disparaître certains métiers qui n'ont plus lieu d'être : nourrice, cuisinière. Déjà présent chez les bourgeois et les notables, le confort gagne petit à petit les fermes.

A Lire : Modernisation de la Rouaudière par Michel ROUAULT

Construction de l'Europe et Mondialisation (1968-2000)
   La PAC
La progression constante de la productivité et la crainte des effets d'une concurrence effrénée va conduire à la création d'une politique réglementaire de la production au niveau européen : la Politique Agricole Commune (PAC). Désormais la vie des paysans est attachée aux règlements votés dans ces institutions.
Elle repose sur :
- Des prix institutionnels : le prix indicatif pour le lait, les prix d'intervention pour le beurre et le lait écrémé en poudre,
- Un soutien du marché intérieur fondé sur des achats directs pratiqués sous certaines conditions par des organismes d'intervention publics et des aides destinées à développer l'utilisation des produits laitiers, Une maîtrise de la production : le régime des quotas laitiers mis en place en 1984.
- Un système d'échanges caractérisé par: des restitutions à l'exportation qui compensent pour les exportateurs la différence entre le prix de marché communautaire et le prix de vente sur le marché mondial ; des droits de douane fixes à l'importation prévus au tarif douanier commun.